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Maurice (03/2007)

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Chikungunya

Précautions à prendre

Devant se rendre en touriste dans un secteur à risque, je renvoie les férus de détails scientifiques, vers les publications spécifiques liées au chikungunya.

Nonobstant ceci, que devons-nous connaître au sujet des moustiques ? Que nous est-il indispensable de savoir afin de nous en protéger ? Quelques mesures doit-on prendre en cas de piqûres ? Et enfin, comment réagir face à la maladie ?

C’est à ces questions que je vais essayer de répondre d’une manière peut-être simpliste, mais se voulant claire.

 

Faisant fi de la classification, et ainsi du genre et de l’espèce, nous pouvons, grosso modo ranger les moustiques en deux catégories : les diurnes et les nocturnes. Et dans ses catégories : les forestiers et les urbains. Ceux vecteurs du chikungunya sont diurnes et urbains.

 

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Ainsi la protection n’est pas aisée, à moins d’avoir un mode de vie à l’inverse du leur ;
heureux les veilleurs de nuit !

Ou pour les femmes d’adhérer à la religion islamique !

Trêve de plaisanteries.

Vous l’aurez compris, la moustiquaire n’a d’utilité, que vis-à-vis, des nourrissons et des enfants en bas âge, car pour eux, aucun répulsif n’est conseillé, dès lors qu’ils n’aient atteint leur troisième année.

 

Alors que faire ?

Tout d’abord, éviter la création de nurseries de moustiques en laissant des objets accueillir les eaux de pluie pour ainsi permettre le développement des larves de moustiques ; du papier chiffonné, jusqu’au pneu de voiture, en passant par la boîte de conserve, tout est bon à ces insectes malsains.

Me plaçant dans le cadre de notre sortie à l’île Maurice, période annonçant la fin des cyclones, je vous suggère, dès à présent, de veiller à laisser, par exemple, vos palmes ou votre masque de plongée de telle manière que l’eau puisse s’en écouler.

Toujours dans cette optique, je vous conseille, peut-être d’une manière exagérée, d’éviter les agglomérations.

Ne pensez qu’aux plaisirs de la plongée et de la relaxation sur la plage. Les anophèles (1) déjà foncés de peau, n’apprécient guère les bains de soleil, ni ceux de mer.
Cependant, vous ne pourrez déroger à la rencontre avec ce type d’insectes dès votre arrivée dans l’aéroport (2) et pendant le transport jusqu’à l’hôtel. Bien que les autorités pulvérisent les lieux publics avec des insecticides préconisés (3) par l’O.M.S., il est nécessaire de se couvrir de vêtements légers mais imperméables aux piqûres. De plus sur les parties apparentes du corps, de même que les habits, une pulvérisation d’un répulsif est indispensable. Ici j’attire notre attention sur le choix des produits : seuls sont efficaces ceux ayant un DEET à plus de 20% (4)

(voir les recommandations de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire
des Produits de Santé en annexe ).

 

Au jour où je compose cet article, comme je l’ai indiqué en introduction, je ne connais ni les résultats d’une éradication voulue, ni le comportement des compagnies aériennes par rapport aux articles autorisés dans les bagages.
Ainsi, serait-il judicieux de s’informer, mais aussi de se procurer ces protections avant le départ ; une pulvérisation sur les vêtements, bien qu’ayant une efficacité amoindrie si elle a lieu 9 heures avant l’atterrissage, pourrait être dissuasive envers certains de nos ennemis !

 

Ceux qui s’intéressent, comme moi, aux nouvelles émanant de ce coin du monde, ne seront pas ignorants de déclarations faites par, tout d’abord, le Ministre en charge des Départements et Territoires outre-mer et ensuite par son collègue de la Santé, au sujet d’un médicament préventif miracle : la nivaquine (5) !

Nonobstant, ces annonces, les scientifiques restent réservés quant à la réelle efficience de ce médicament par rapport au chikungunya. En effet, il s’agirait plus de manœuvres politiques que de certitudes (les essais sur ce médicament sont en cours, et non achevés).

L’année dernière, lors du pic des cas recensés à la Réunion, les médicaments manquaient sur l’île, et aucune opération préventive n’avait été véritablement élaborée. Ceux qui avaient à faire face à cette tragédie, devaient agir plus dans l’urgence et d’une manière empirique, qu’avec des moyens appropriés et en toute sérénité. Mon propos étant de fournir une information la plus proche de la réalité, je ne polémiquerai pas sur ce sujet.

 

Nul ne pouvant se garantir d’une protection complète, abordons maintenant les actions à entreprendre en cas de piqûre.

Généralement après son méfait, le moustique prenant la fuite, il est difficile de lui demander son identité ! Ou parfois, en représailles, et par énervement, il se peut que l’agressé devienne lui-même belliqueux, et tue son assaillant.

Ainsi, le doute peut demeurer. Car notre aedes aegypti ou notre albopictus (6) possède des cousins tout aussi peu sympathiques, porteurs de la malaria ou de la dengue (7) suivant leur espèce et les heures de la journée. Malheureusement les symptômes étant presque similaires, seul un spécialiste, en l’occurrence un médecin, est habilité au diagnostic.

 

Toutefois, les plongeurs autonomes le savent parfaitement, un compte-rendu des circonstances lorsque se produit un accident aide les secours et le fait est valable dans cet autre cas.

Ainsi, il est de bon aloi de se rappeler le lieu de la piqûre, son heure et ses éventuels conséquences (fièvre, maux de tête, douleur, etc.), mais la chose est plus facile à écrire qu’à faire, étant donné que les piqûres ne sont pas toujours ressenties !

 
Enfin, le dernier chapitre concerne ceux qui s’avèrent être atteints par le chikungunya.

Il faut savoir que cette maladie, n’est pas généralement grave, mais ennuyeuse, longue et chronique. J’émets un bémol à cette affirmation. Des décès ont été malheureusement déplorés. Rares, ils se produisaient lorsque le mal touchait à l’encéphale (8).

Comme nous l’avons déclaré, seuls certains moustiques sont vecteur du virus, du virus et non du microbe, comme des journalistes mal informés ont pu l’écrire ! Un homme ne peut le transmettre à l’un de ses congénères sans que l’insecte n’intervienne ; congénère ou singe. C’est ainsi que Madagascar, qui ne possède que des lémuriens et non des simiens, semblait être à l’écart de cette épidémie. Semblait, seulement, car a priori le pays serait nouvellement touché, depuis peu !      

D’autre part, une personne touchée par cette pathologie ne peut en être affectée de nouveau, puisque s’agissant d’un virus, les anticorps exercent leur action dans l’organisme. Être immunisé, ne signifie pas ne pas avoir des rechutes ; l’une des caractéristiques de cette maladie, étant, justement, son caractère plus récidivant que chronique, chez certaines personnes plus sensibles que d’autres.

 

Conclusion

 

5  6

 

Le portrait que je viens de dresser du chikungunya n’a pas pour but est de vous effrayer, ni de vous éviter un beau voyage ; il est de l’ordre de la sensibilisation. J’en veux pour preuve que je me suis rendu ce printemps à la Réunion, et que je m’inscris pour la sortie annuelle de notre section à Maurice.

 

D’autre part, connaissant déjà cette île (9), je sais qu’il est plus aisé, à ceux qui ne veulent que plonger, de se soustraire aux vicissitudes du fléau que je viens d’énoncer. Le bain dans une culture riche et très diversifiée se programmant pour plus tard dans un espace où les plantations de cannes à sucre ont remplacé les forêts primaires.

Je reste à la disposition des membres du club, dès lors qu’ils émettront le souhait  d’avoir un complément d’informations, et réitérant mes conseils, je prône à ceux qui désirent partir vers cette destination de rêve, de se référer auprès d’organismes officiels concernant les précautions à prendre.

 

Hervé Guillot

7

[Lire en annexe : les produits répulsifs recommandés ]

 

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  1. Anophèle : les puristes remarqueront que l’espèce citée est celle pouvant transmettre le paludisme et non le chikungunya, mais j’ai utilisé ce terme en rapport avec sa racine grecque, qui signifie nuisible
  2. Aéroport : assez loin de notre lieu de villégiature
  3. Insecticides : tels que le téméphos ou le fénitrothion (ces produits n’étant toutefois plus utilisés à la Réunion depuis février 2006) ;
    les BTi (Babacillus Thringiensis israelensis) de facture biologique, n’agissant que relativement peu de temps, uniquement sur les larves, et non sur les insectes volants, sont usités dans un cadre écologiste, et la Deltamethame est employé vis-à-vis des adultes
  4. DEET : diéthyl toluamide
  5. Nivaquine : médicament utilisé dans la prévention du paludisme
  6. Les aedes aegypti, et autres albopictus : peuvent aussi transmettre la dengue
  7. Dengue : encore un mot d’origine swahili (j’ai écrit « mot » et non « maux », cette contrée apportant plus de satisfactions que de désagréments)
  8. Décès : on peut penser que l’on a affaire à un phénomène identique à celui de la grippe, qui conduit chaque année au décès de personnes âgées présentant des pathologies lourdes préexistantes (diabète, problèmes respiratoires, ou cardio-vasculaire). Cependant, il est vrai que pour les enfants, qui sont morts, un diagnostic de méningo-encéphalite a été porté
  9. Maurice : voir, sur ce même site, mon article datant de 1999 et intitulé « Entre l’Enfer et le Paradis »